Comment le TOC peut avoir un impact sur votre vie sexuelle
- ste-franco
- 21 sept. 2021
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 mars
Comment le TOC impacte votre vie sexuelle
Vivre avec un trouble obsessionnel compulsif (TOC) signifie être constamment assailli par des pensées intrusives et indésirables qui génèrent une grande détresse. Ces obsessions peuvent prendre de nombreuses formes, allant des peurs de contamination à des pensées considérées comme "taboues" : images violentes, pensées sexuelles inappropriées (concernant des enfants, des membres de la famille, des figures religieuses, etc.) ou encore des pensées blasphématoires allant à l'encontre des croyances de l'individu.
Pour apaiser leur anxiété, les personnes atteintes de TOC développent des compulsions – des comportements répétitifs ou des rituels mentaux destinés à neutraliser leurs obsessions. Malheureusement, ces mécanismes d’adaptation les enferment dans un cercle vicieux qui affecte tous les aspects de leur quotidien, y compris leur vie intime et sexuelle.
TOC et sexualité : un impact significatif
Le TOC ne s’arrête pas aux portes de la chambre à coucher. Les pensées intrusives peuvent survenir à tout moment, y compris lors des rapports sexuels, ce qui complique l’intimité et le plaisir.
L’impact du TOC sur la sexualité varie d’une personne à l’autre en fonction des thèmes obsessionnels dominants. Voici quelques conséquences fréquentes :
Le sexe comme déclencheur de TOC : Pour certains, l’acte sexuel en lui-même peut provoquer une vague d’angoisse et être intégré au traitement par exposition avec prévention de la réponse (ERP).
Le sexe utilisé comme compulsion : Certaines personnes cherchent à se rassurer sur leurs obsessions en utilisant le sexe pour "prouver" quelque chose à elles-mêmes, ce qui alimente leur trouble.
Une baisse de la libido et des troubles de l’orgasme : Que ce soit à cause de l’anxiété excessive ou des effets secondaires des traitements médicamenteux, le désir sexuel peut être profondément altéré.
Si vous êtes concerné par ces difficultés, sachez que vous n’êtes pas seul. Des outils comme l’ERP et la pleine conscience peuvent vous aider à retrouver une sexualité plus épanouie.
Gérer les pensées intrusives pendant les rapports sexuels
Tout le monde a des pensées intrusives à un moment donné. Cependant, les personnes souffrant de TOC sont particulièrement sensibles à ces pensées et ont tendance à les interpréter comme dangereuses ou significatives.
L’une des caractéristiques du TOC est une hyperactivité du centre de la peur dans le cerveau, qui envoie des signaux d’alarme même en l’absence de danger réel. Par exemple, certains peuvent être envahis par des pensées inappropriées au moment de l’orgasme et se demander :
"Et si cette pensée signifiait quelque chose de terrible sur moi ?"
"Si je ressens une excitation malgré mes pensées intrusives, est-ce une preuve que je les apprécie ?"
"Et si je perdais le contrôle pendant l’acte sexuel ?"
Face à ces angoisses, la réponse naturelle est souvent d’essayer de supprimer ou de combattre ces pensées, ce qui ne fait que les renforcer. Des études ont montré que tenter d’éviter une pensée conduit paradoxalement à l’amplifier.
L’ERP : une approche efficace
L'exposition avec prévention de la réponse (ERP) est la méthode thérapeutique de référence pour traiter le TOC. Elle consiste à confronter progressivement l’individu à ses peurs tout en l’empêchant de recourir à des compulsions.
Dans le cadre du TOC et de la sexualité, l’ERP peut inclure :
Des expositions mentales : Accepter et tolérer la présence des pensées intrusives pendant l’acte sexuel sans chercher à les chasser ou à leur donner un sens.
Des expositions physiques : Pour ceux dont le TOC est lié à des obsessions de contamination (fluides corporels, sueur, etc.), il s’agit de se confronter progressivement à ces éléments sans éviter ni ritualiser.
La prévention des réponses : Ne pas céder aux compulsions telles que la vérification mentale de l’excitation, la recherche d’assurance ou la rumination après l’acte.
Pourquoi éviter les déclencheurs ne fonctionne pas
L’évitement peut sembler être une solution immédiate pour réduire l’anxiété, mais il alimente le cercle vicieux du TOC. Lorsqu’une personne évite le sexe pour ne pas être confrontée à ses pensées, elle renforce inconsciemment l’idée que ces pensées sont dangereuses et à fuir. Cela amplifie l’anxiété à long terme et détériore encore plus la vie intime.
Le piège du sexe compulsif
À l’inverse, certaines personnes atteintes de TOC utilisent le sexe comme une compulsion pour obtenir une certitude absolue sur leurs obsessions. Par exemple :
Une personne ayant des obsessions pédophiles peut rechercher des rapports sexuels fréquents pour se "prouver" qu’elle est attirée par des adultes.
Une personne souffrant d’obsessions sur son orientation sexuelle peut tester son excitation avec différents partenaires pour valider son identité.
Une personne avec des obsessions relationnelles peut utiliser le sexe pour vérifier si elle est "suffisamment" attirée par son partenaire.
Dans ces cas, la prévention des réponses est essentielle pour éviter que le sexe ne devienne un rituel de vérification compulsive.
L’effet des médicaments
Les médicaments, en particulier les antidépresseurs (ISRS), sont souvent prescrits pour traiter le TOC. Bien qu’ils puissent apporter un soulagement significatif, ils peuvent aussi entraîner des effets secondaires impactant la sexualité, comme une baisse de la libido ou des difficultés à atteindre l’orgasme.
Il est important d’aborder ces préoccupations avec un psychiatre pour ajuster le traitement si nécessaire.
La pleine conscience : un outil puissant
La pleine conscience consiste à observer ses pensées et émotions sans jugement, plutôt que de chercher à les combattre. Dans un contexte sexuel, elle permet de :
Accepter la présence des pensées intrusives sans y réagir compulsivement.
Se recentrer sur l’expérience sensorielle du moment présent.
Développer une relation plus saine et détendue avec sa propre sexualité.
Un exercice concret consiste à reconnaître une pensée intrusive et à se dire : "D’accord, cette pensée est là. Je la laisse exister sans y répondre et je me recentre sur mon expérience."
Le TOC peut avoir un impact majeur sur la vie sexuelle, mais des outils efficaces existent pour retrouver une intimité plus sereine. En intégrant l’ERP, la pleine conscience et une bonne communication avec un professionnel de santé, il est possible de briser le cycle des pensées intrusives et de réapprendre à vivre pleinement sa sexualité.
Si vous êtes concerné, sachez que vous n’êtes pas seul. Il est possible de surmonter ces défis et de retrouver une vie sexuelle épanouie malgré le TOC.