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Vol au-dessus d’un nid de Coucou

 

Inévitable hommage à Jack Nicholson

 

 

Que dire des hospits ? J’en ai trop dit déjà, et tant de matière.

Telle de la vie en marge, la frange d’une humanité oubliée,

Il y a longtemps mis au ban, aujourd’hui enfermés ;

Par peur de savoir, on préfère s’mettre des œillères.

 

Alors tant pis, faut dire ! « Porter la plume dans la plaie »,

Dénoncer pour plus tard, faire couler l’encre noire.

Laisser aller ses mains sur le clavier, tel un exutoire.

Pour nous mis au clapier, trouver un peu de paix.

 

Ici à Lumières, on s’le permet, on nous y invite,

Quand ailleurs parfois on n’a aucune parole

Sinon le droit de se taire, sous la camisole

Qui ôte l’élan vital, le mépris de nos vies cuites.

 

Assommé sur le matelas, la face dans l’oreiller,

Dans un râle silencieux, après l’indigence à Janet

Espérer que ce cœur en un faible bou…boum….

Qu’il lâche, après tant de bouboum ! bouboum !

 

Non Monsieur, le cœur ne lâche pas comme çà.

Dommage, j’croyais qu’j’avais tout donné,

Voyez mon cerveau fini, vous m’l’avez grillé.

Dans la tête les cris encor, de lieux qu’on imagine pas.

 

Kamel après le procureur, « veux revoir ma fille ! »

Abel stoïque : Fais pas d’fausses promesse vieux ».

Patrick déambule, au cul la merde sur son bleu.

« Fils de pute ! Nique ta mère ! » Gaëtan qui vrille…

 

« M’attachez-pas ! M’attachez-pas ! J’ai peur du noir !

Le pauvre, des épaules aux chevilles sous contention.

Puis les sanglots étouffés, ceux du dernier désespoir.

Je reste calme, et m’écroule sans jus, des feux l’extinction.

 

Tous les jours il s’met une caisse, il a vingt ans.

Sous contrainte, il est détruit, lui le brancardier.

Tiens voilà des nouveaux, l’un s’écroule inconscient.

« Les gars », j’dis ! « Un matelas, on n’est pas des fumiers » !

 

Ici à Meyzieu, pour les médocs dans la queue

Devant l’PC, quelques mots vite échangés.

Une jeune femme, avant-bras et cuisses scarifiés.

« Tu prends quoi toi? » « Oh j’sais plus », soupir silencieux.

 

Posologies, pathologies, puis plus en parler.

Tentons de déconner, s’envoyer un bon mot.

Pour les nouveaux, d’ici les bons tuyaux.

A ceux qui s’plaignent, « "attends t’as vu l’HP ?! »

 

Dans la cour, des groupes de paroles improvisés.

Ça fait du bien, autour de l’éternel café.

« Les clopes, tu les touches à combien ? »

« Mets m’en un carton, c’est pas du foin au moins ? »

 

Dans les coins plus reculés du grand parc,

D’autres font dans l’illicite : « TAZ, beu, Hash, AC ? » «

"Désolé c’est pas ma came, psychotropes j’en ai assez ».

« Attends…suis trigger, déjà à cent gouttes de Loxapac ».

 

Allez aujourd’hui, on renvoie les Watts !

Envie d’dmander au toubib d’envoyer au max.

Puis l’appareillage, j’deviens une pile sur pattes.

Putain, faudra qu’j’verse à EDF un écot, ma taxe.

 

Histoires de TS, ceux qu’en blaguent, ceux qu’essaient.

Moins dur un acronyme, à l’oreille c’est plus léger.

Plus de tact, décomplexé, c’est mieux ainsi.

Rire et humour, on y arrive encore ici.

 

Histoires de crushs, « attends moi j’sais plus ».

Un élan sur un psy, un patient, une infirmière.

« "J’ai besoin de toi, parle-moi, m’faut d’la lumière »

Ephémère affection, pas bon ici, amours défendus.

 

Et lui qui vient des quartiers nord, on est au cinéma !

« T’es rebeu, fais la taupe, t’as la tête de l’emploi »

« Infiltre petit, en immersion, on va s’le faire ce réseau »

« "Et j’lui demande un thé au caïd ? », « Fais c’qu’il faut ».

 

« Alors j’ai sniffé, m’faire accepter, j’y ai laissé des neurones

Forcément, et tout çà pour mille quat’cents boules

Ils sont tombés, et moi aux

Stups j’suis devenu atone

 

Et les poulagas m’serrent, quoi j’ai une tête de bougnoul ?! »

« Punaise, mais c’est BAC Nord ton histoire ? »

« Ouais, j’en peux plus, j’suis furax Aide-moi vieux, j’ai pas la syntaxe »

« On s’en fout, prends ta mine, j’te tiens l’crachoir »

 

Pour beaucoup, plus de provenance,

Si c’nest celles de notre tour de France.

Vinattier, Salpête, Maupassant, on s’en tape.

On est des grimpeurs, de vrais coureurs d’étapes.

 

J’ai entendu un jour qu’au-dessus d’sa tête,

Fallait laisser voler les oiseaux noirs,

Pas qu’ils y fassent leurs mauvais perchoirs.

Un temps d’avance les asiates, rois de l’épithète !

 

Hugues, Meyzieu le 5 janvier 2023

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TOC devenus sévères et résistants, accompagnés d’une dépression sévère et chronique

Je m’appelle Hugues Mounier, j’ai 41 ans et souffre depuis 3 années de TOC. Je n’avais pas d’antécédent psychiatrique.

 

Début juillet 2019, et dans un contexte émotionnel tendu, je déclenche des symptômes d’anxiété qui vont se transformer en troubles anxieux généralisés, puis dépression et la survenue de pensées intrusives, en l’espace de 4 semaines.

J’ai tout de suite fait le choix de la médecine, affolé par le contenu de ces pensées intrusives.

 

En septembre 2019, j’ai tout de suite été diagnostiqué d’un syndrôme anxio dépressif sévère et de TOC dits « idéatifs », ou « Pure-O », pour obsessions pures, sans rituels visibles.

 

Nous sommes aujourd’hui en février 2023. Dans cet intervalle de trois années, je me suis rendu, toujours de ma propre décision à deux urgences psychiatriques, et huit hospitalisations en psychiatrie adulte.

 

J’ai accepté tous les traitements médicamenteux, électriques, et magnétiques dont on m’a dit qu’ils pouvaient soulager la dépression et les délires intérieurs liés qui n’ont fait au contraire que s’accroître.

Je me suis toujours battu jusque début 2022, me suis accroché à mon travail et à ma vie de famille très ébranlée, puis j’ai décroché totalement pour entrer dans une crise suicidaire de mars à octobre 2022. J’ai finalement tout perdu.

 

Je précise que si je subis cette maladie du doute et de l’anxiété qu’est le TOC, je menais jusqu’alors une vie que je peux dire heureuse, marié, père de trois enfants, et cadre dirigeant dans le transport maritime. En trois années, ma vie a explosé, j’ai perdu mon emploi, et suis éloigné de mon entourage proche.

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